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SUR DU GUESCLIN.

de rage et de violence que son sabre ayant rompu de la force des coups, il se seroit trouvé tout à fait hors de combat, si l’un de ses gens ne se fût heureusement rencontré là pour luy mettre une hache à la main, dont il fit une si grande execution, que d’un seul coup il enleva la tête d’un chevalier et la fit tomber à ses pieds. Guesclin couroit par tout, les bras nuds et le sabre tout ensanglanté, criant aux François que la journée étoit à eux, et qu’ils l’achevassent aussi courageusement qu’ils l’avoient commencée ; qu’il étoit important pour la gloire de la nation de gagner cette victoire en faveur du nouveau roy de Fiance, sur les ennemis qui vouloient luy ravir la Couronne que ses bons et fidèles sujets venoient de luy mettre sur la tête. Ce peu de paroles, prononcées par ce fameux general dans la plus grande chaleur de la mêlée, fit un si grand effet, que les François revinrent aussitôt à la charge avec un plus grand acharnement, et reprirent de nouvelles forces pour achever la défaite des Anglois.

Le captal de Buc, general des Anglois, paya fort bien de sa personne, et donna dans cette journée des marques d’une bravoure extraordinaire ; mais du côté des François, ceux qui se signalèrent davantage aprés Bertrand, ce furent le comte d’Auxerre, et le Vert Chevalier seigneur françois, qu’on nommoit ainsi pour la force et la vigueur avec laquelle il avoit

    françois… Le bascon de Mareul crioit, comme tout enragé : Ou êtes-vous, Du Guesclin ? Du Guesclin, qui l’entendit, se jetta sur lui comme lion crété, et lui porta un coup si rude, qu’il le renversa. (Mémoires hist. de Secousse, sur la vie de Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, t. 1, 2e part., p. 45.)