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ANCIENS MÉMOIRES

traire, et Pierre de Londres, neveu de Chandos, qui s’etoit fait un grand nom dans l’armée angloise par plusieurs belles actions qui luy avoient aquis beaucoup de reputation. L’on ajoute que Bertrand se servit encore d’un autre stratagême qui luy procura la victoire. C’est qu’il s’avisa, dans la plus grande chaleur du combat, de détacher de son armée deux cens lances, sous la conduite d’Eustache de la Houssaye, auquel il donna ordre de s’aller poster avec ses gens derrière une haye que plusieurs grands buissons couvroient, au dessous de laquelle il y avoit une piece de terre où l’on avoit planté des vignes qu’on avoit laissées tout en friche. Ils se coulerent là dedans, et couvrirent leur marche si à propos, que s’étant emparez de ce terrain, les Anglois furent bien surpris de se sentir attaquez par derriere, et d’avoir à leur dos une partie de leurs ennemis, tandis qu’ils étoient occupez à se défendre de front contre les autres : si bien que se voyans frappez devant et derriere, il leur fut impossible de soutenir le choc plus longtemps, au milieu d’un carnage qui leur faisoit horreur, et les jettoit dans le découragement et le desespoir.

Le captal appercevant tout ce désordre, et voyant qu’il ny pouvoit pas apporter de remède, prit la resolution de vendre bien cherement sa vie. Bertrand et Thibaut du Pont, fort intrépide chevalier, luy tombèrent sur le corps. Ce dernier le prit à deux mains par le casque, et le serra tellement, qu’il ne se pouvoit dégager, et quelque effort qu’il fit pour le percer de sa dägue, du Pont le tenoit toujours luy criant qu’il se rendît sur l’heure s’il lui restoit quelque desir de vivre. Bertrand, qui ne s’accommodoit pas de toutes ces façons, luy dit : Jay à Dieu en convenant que se ne