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ANCIENS MÉMOIRES

de l’assurer qu’il étoit le faucon qui devoit triompher de l’aigle, et que, sur ce pied, il devoit se promettre une favorable issuë de son songe.

On renvoya donc le heraut en le chargeant de dire à son maître, Jean de Monfort, qu’il n’y avoit point de partage à faire, quand le tout appartenoit legitimement à un seul, et qu’on alloit travailler à luy faire lâcher prise sur tout ce qu’il avoit usurpé. Cette fiere réponse, que ce heraut fit mot à mot à Jean de Monfort, fut reçuë de tous les seigneurs anglois avec beaucoup d’indignation. Chandos jura, par la foy qu’il devoit au roy d’Angleterre, qu’il ne décamperoit point de là que toute cette province ne fût conquise par ses armes et mise sous l’obeïssance du prince à qui l’on ne pouvoit la disputer qu’avec injustice. Robert Knole fit le même serment. Il ajouta qu’il avoit un pressentiment que tout l’avantage demeureroit à Jean de Monfort, et que toute la bravoure de Bertrand, du comte d’Âuxerre et du Vert Chevalier, ne feroient que blanchir contre eux. Ils sererrent donc le château d’Aüray de plus prés qu’auparavant, pour engager les assiegez à capituler, sçachans que la famine les pressoit si fort, qu’ils avoient été contraints de manger leurs chevaux.

En effet, la disette étoit si grande dans la place, qu’elle les avoit souvent obligé d’allumer des feux au haut du donjon, pour marquer l’extreme besoin dans lequel ils étoient de recevoir un prompt secours, si Charles vouloit conserver ce château plus longtenps. Ce prince étoit campé dans un parc à Lonvaulx l’Abbaye : ce fut là que ses coureurs le vinrent avertir du signal qui paroissoit à la Tour d’Aüray. Cette nouvelle le mit dans une grande consternation, voyant