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ANCIENS MÉMOIRES

donna tant de peur au comte de Monfort, qu’il croyoit déjà tout perdu pour luy, si Chandos ne l’eût rassûré, le priant de ne point tomber dans le découragement, et luy promettant que la journée seroit immanquablement à luy. Robert Knole prit aussi la liberté de luy donner la même esperance, en l’exhortant de ne se point démentir et de se soutenir jusqu’au bout.

Le parent de Monfort, celuy là même auquel il avoit fait prendre les armes, voulut faire le brave poussant son cheval et criant Bretagne ! demandant par tout où étoit donc ce Charles de Blois, qui luy disputoit cette belle duché. Ce prince voulant répondre à ce fanfaron qu’il prenoit pour le comte de Monfort, parce qu’il en portoit toutes les marques, s’avança fierement de ce côté-là pour luy prêter le colet, et vuider leur diferent dans un combat singulier à la veüe des deux armées, qui leur firent place et s’ouvrirent pour être les spectatrices d’un duel de cette importance. Le chamaillis fut grand de part et d’autre ; mais à la fin Charles de Biais déchargea sur la tête de son adversaire un coup de hache si fort, si rude et si pesant, qu’il le fit tomber par terre. Il voulut achever sa victoire en luy ôtant la vie : mais Olivier de Clisson, Robert Knole et Chandos se jetterent à la traverse pour secourir ce chevalier. Ceux du party de Charles accoururent pour le seconder contre tant de gens, qui le vouloient empêcher de couronner tout ce combat par la mort de son compétiteur et de son ennemy. Comme l’on pensoit du côté de Charles, que ce chevalier renversé par terre étoit effectivement le comte de Monfort,