De l’adresse dont Bertrand se servit pour faire un corps d’armée de tous les vagabonds de France et les mener en Espagne contre Pierre le Cruel, pour venger la mort de la reine Blanche et faire monter en sa place Henry sur le trône.
Toute la France apprit avec douleur l’inhumanité que Pierre avoit commise sur la reine Blanche, sa propre femme, en la faisant mourir injustement et l’abandonnant à la discretion des juifs, qui l’avoient assommée sur son lit, après avoir entré la nuit dans sa chambre et l’avoir trouvée faisant ses prieres, un cierge à la main. Toutes ces circonstances aggravoient le crime de Pierre, et rendoient le sort de cette princesse encore plus pitoyable. La reine de France, sa sœur, et le duc de Bourbon, son frère, condamnerent fort une si vilaine action, qui meritoit une vengeance tout à fait exemplaire. Le roy Charles le Sage entroit fort dans leur ressentiment, et ne cherchoit que l’occasion de le faire au plutôt éclater. Elle se presenta la plus favorable du monde. Le royaume de France regorgeoit de scélérats et de vagabonds qui le desoloient par leurs brigandages et leurs pilleries. On ne pouvoit empêcher ce désordre, parce que la foule de ces voleurs grossissoit tous les jours, par un million d’étrangers qui s’étoient introduits dans le royaume, pour se joindre à eux à la faveur de la licence et de l’impu-