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SUR DU GUESCLIN.

Ce trompette les trouva campez assez prés de Chalons sur Saône ; ils le reconnurent d’abord, parce que les armes du Roy, qu’il portoit sur son hoqueton, firent decouvrir qu’il venoit de la part de Sa Majesté. Quelques soldats le conduisirent pour le mener parler à ceux qui tenoient le premier rang dans leur armée. Sa presence les surprit un peu quand il les trouva tous à table. Les premiers ausquels il adressa la parole furent Hugues de Caurelay, Mathieu de Gournay, Nicolas Strambourt, Robert Scot, Gautier Huet, le Vert Chevalier, le baron de Lermes, le seigneur de Presle et Jean d’Evreux, qui furent tous de concert à ne pas refuser le passeport qu’on leur demandoit. Hugues de Caurelay s’intéressa fort à ce qu’on l’accordât au plûtôt, disant qu’il mouroit d’envie de revoir Bertrand pour luy faire boire de son vin, chargeant le heraut de luy faire ses complimens. Celuy-cy revint en grande diligence mettre le passeport entre les mains de Bertrand, qui sans perdre de temps les alla trouver. Aussitôt qu’il parut ils luy firent mille caresses ; Hugues de Caurelay, par dessus tous les autres, se jettant à son cou, l’assura qu’il le suivroit par tout, pourveu qu’il ne luy fît pas prendre les armes contre le prince de Galles son seigneur. Bertrand luy répondit que ce n’étoit pas à luy que l’on en vouloit, et qu’il pouvoit là dessus compter sur sa parole. Caurelay, tout transporté de joye, fit apporter à boire et luy voulut luy même verser du vin de sa propre main ; Bertrand fit quelque façon de prendre le verre, mais il luy falut enfin condescendre à la volonté d’un amy qui le luy presentoit de si bon cœur. Quand ils se furent tous salüez en beuvant les uns aux autres,