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ANCIENS MÉMOIRES

ennemis dans la ville, dont ils firent un carnage horrible. Ceux qui pûrent éviter la fureur du soldat par la fuite, se cacherent dans leurs maisons, pensans s’y mettre à couvert de tous les dangers, mais il n’y furent pas plus en sûreté. Les femmes se mettoient à genoux devant les vainqueurs pour sauver la vie de leurs maris, et les enfans se prosternoient aux pieds des soldats pour les supplier de ne point donner la mort à leurs pères : mais toutes ces soumissions ne furent point capables d’arréter le cours de leurs violences et de leurs türies. Il restoit à prendre une ancienne tour où quelques juifs s’étoient retirez ; Bertrand en fit brûler les portes par un feu d’artifice qui la fit bientôt mettre à bas. On ne fit aucun quartier aux plus obstinez de ceux qu’on trouva dedans : mais on eut quelque indulgence pour les autres qui se rendirent à discretion de fort bonne foy.

La ville de Bervesque suivit ainsi le sort des deux autres qu’on avoit conquises, et se mit sous l’obeïssance d’Henry. Pierre le Cruel étoit à Burgos, où il tenoit sa cour : il fut fort consterné quand deux bourgeois qui s’étoient échappez de Bervesque, luy vinrent annoncer la funeste nouvelle de sa prise, et la bravoure avec laquelle les François s’étoient comportez dans l’assaut qu’ils venoient de leur donner, ayant à leur tête un nommé Bertrand, dont les coups étoient autant de foudres dont personne ne se pouvoit parer. Ils luy dirent que les ennemis avoient monté comme des singes sur leurs murs avec des échelles de corde, et qu’ils s’étoient ouvert le passage malgré tous les efforts qu’on avoit fait pour le leur disputer ; qu’enfin la ville étoit tout inondée du sang