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SUR DU GUESCLIN.

tance, faciliterent l’entrée de la ville par leur quartier pour sauver leurs vies. Il y eut un Breton des gens de Caurelay qui se transporta tout aussitôt sur les murs, et y arbora l’étendard de Bertrand en criant Guesclin ! Ce signal encouragea les autres à faire les derniers efforts pour monter à la faveur de plusieurs échelles de cordes dont ils avoient fait bonne provision.

Cet assaut fut un peu meurtrier des deux côtez : car tandis que les François gravissoient les murs, et se prêtoient la main les uns aux autres pour gagner le haut du rampart, les Espagnols leur jettoient sur la tête des cuves toutes pleines d’eau boüillante et les faisoient tomber dans le fossé. Cette disgrace ne refroidissoit point l’ardeur des assiegeans qui se relevoient avec plus de rage et de fureur, et remontoient à l’assaut avec une nouvelle opiniâtreté. Les assiegez jettoient sur eux des tonneaux pleins de pierres, et des grosses poutres dont ils les accabloient, si bien que cette vigoureuse resistance donnoit à douter aux François du succés du siege. On croyoit qu’on perdroit beaucoup de temps, et que peut-être on seroit obligé de lever le piquet de devant la place sans avoir rien fait. Henry craignant qu’on n’abandonnât ce siege, fit aussi les derniers efforts en personne avec ses gens ; quand Bertrand, qui ne se rebutoit jamais, et que la présence du peril rendoit encore plus intrepide, vint se présenter aux barrieres de la porte avec une coignée et déchargea dessus de si grands coups qu’il les abbatit. Tous les plus braves encouragez par son exemple s’avancerent en foule, et firent une si grande irruption qu’ils entrèrent pêle mêle avec les