Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
précis des guerres


vassaux se rendoient indépendans, mais les seigneurs, retirés dans leurs châteaux forts, ne reconnoissoient plus de maître, et dévastoient les campagnes. « Il n’y avoit, dit Mézeray, si petit seigneur, qui ne bravât le roi Philippe, endormi entre les bras de sa Bertrade. Miles, seigneur de Montlhéry, et Guy-Troussel, son fils, le faisoient suer de peur par leur château de Montlhéry, et quatre ou cinq autres qu’ils avoient en ce quartier-là, avec quoi ils gourmandoient le pays, et rompoient le commerce entre Paris et Orléans, quoique Guy, seigneur de Rochefort, frère de Miles, fût fort dans les bonnes grâces de Philippe. »

La France trouva un appui dans le jeune Louis, depuis, Louis-le-Gros, qui, âgé seulement de quinze ou seize ans, réunit les seigneurs contre Guillaume, et le força de renoncer à ses projets. Le roi d’Angleterre ayant été tué à la chasse, et ne laissant point d’enfans, Henri, son frère, usurpa la Couronne qui devoit appartenir à Robert, fils aîné de Guillaume-le-Conquérant. Robert revenoit alors de la Palestine, où il s’étoit distingué dans plusieurs batailles, et particulièrement au siège de Jérusalem. Il revendiqua d’abord ses droits ; mais, foible, inconstant, livré aux plaisirs, incapable de suivre une grande entreprise, il se contenta de la Normandie, que son frère lui céda et voulut lui reprendre bientôt après. La France, qui avoit tant d’intérêt à le soutenir, ne lui fournit que des secours insuffisans ; il fut battu, fait prisonnier à la bataille de Tinchebray, et enfermé au château de Cardif, où son frère lui fit brûler les yeux. Il ne manquoit plus à Henri, pour confirmer son usurpation,