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SUR DU GUESCLIN.

d’executer ce que Bertrand avoit suggeré. L’on plia donc bagage toute la nuit, afin de couvrir le dessein que l’on projettoit. La marche de l’armée commença le lendemain dés la pointe du jour. L’on mit le bagage au milieu ; l’avantgarde étoit conduite par le maréchal d’Endreghem, secondé d’Olivier de Mauny, d’Hugues de Caurelay, de Nicolas Strambourc, de Jean d’Evreux, de Gautier Huët, et de beaucoup de chevaliers anglois, qui faisoient tous belle contenance. L’arriere-garde étoit commandée par Bertrand, dont le nom seul étoit si redoutable, qu’on étoit tout persuadé que sa personne seule valoit une armée toute entière. Le comte de la Marche, le sire de Beau Jeu, Guillaume Boitel, Guillaume de Launoy, Henry de Saint Omer, se firent tous honneur d’accompagner un si grand capitaine, et de partager avec luy le peril et la gloire qu’il alloit chercher dans cette expedition : mais sur tout le prince Henry se promettoit qu’elle luy seroit avantageuse soûs les enseignes d’un general dont les armes avoient toujours été victorieuses, esperant d’ailleurs que Dieu sçachant la justice de la cause qui les faisoit tous agir, répandroit sa bénédiction sur leur entreprise, puis que l’ennemy qu’ils avoient à combattre étoit un prince reprouvé, qui ne s’étoit pas contenté de renoncer publiquement à la religion chrétienne, par l’infame commerce qu’il entretenoit avec les juifs, au grand scandale de tous ses sujets, mais avoit encore trempé ses mains dans le sang innocent de la plus sainte et de la plus accomplie princesse de toute la terre, qu’il devoit d’autant plus menager qu’elle étoit sa propre femme, et qu’outre qu’elle tiroit son extraction de saint Loüis, elle