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ANCIENS MÉMOIRES

tilhomme d’un mérite fort singulier, et qui s’étoit aquis beaucoup de reputation dans les armes.

Quand il eut ainsi pris les devans en sa faveur, il le revint trouver pour le presenter au Roy ; mais il trouva sur sa route les maîtres d’hôtel de Sa Majesté, qui venoient à sa rencontre pour luy faire honneur, et l’introduire fort civilement dans la chambre du Roy, devant lequel Mathieu de Gournay fit mine de fléchir le genou ; mais ce prince ne le voulant pas permettre, le prit aussitôt par la main pour le relever, et luy demanda comment Henry se portoit et tous les braves qui l’avoient secondé dans son expédition d’Espagne, qui luy avoit été plus glorieuse que juste, parce qu’on n’a jamais bonne grâce d’envahir les États d’un legitime souverain. De Gournay voyant qu’il étoit prévenu contre Henry, le desabusa de l’erreur dans laquelle il étoit, luy representant qu’il avoit plus de droit à la couronne d’Espagne que Pierre, et que le sujet de la commission dont on avoit trouvé bon de le charger auprés de Sa Majesté, ne tendoit qu’à sçavoir si dans le fonds il étoit vray qu’elle voulût embrasser les intérêts de Pierre contre Henry ; que si cette nouvelle qui couroit étoit véritable, il avoit ordre de prendre aussitôt congé d’elle et de se retirer. Le roy de Portugal luy dit ingenüment, qu’il s’étoit ouvert là dessus en presence de toute sa Cour ; qu’il étoit bien vray que Pierre luy avoit demandé du secours, mais qu’il étoit encore plus vray qu’il le luy avoit refusé, ne voulant pas troubler le repos de ses peuples, en attirant dans ses États une guerre étrangere dont il se passeroit fort bien.

Mathieu luy témoigna que le prince Henry luy