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ANCIENS MÉMOIRES


CHAPITRE XXII.


Des lettres de cartel dont le prince de Galles envoya défier Henry, avec menaces aux Anglais qui servaient sous luy de confisquer leurs biens, et de les punir comme criminels de haute trahison, s’ils ne le quitoient.


Le prince de Galles prit si fort à cœur la protection de Pierre contre Henry, qu’il en fit tout son capital. Il écrivit là dessus des lettres si fortes à tous les seigneurs qui dépendoient de luy, que chacun n’osa pas balancer un moment à le venir joindre. Le comte d’Armagnac, le sire d’Albret, Chandos, Aimery, Guillaume et Jean de Felton, les senéchaux de Poitou et de Bordeaux, le comte de Pembroc et grand nombre de chevaliers, se rendirent auprés de luy. Le duc de Lancastre passa la mer avec beaucoup de gendarmes et d’archers, pour grossir ses troupes. On ne vit jamais une armée si leste ny si complette. C’étoit un plaisir de voir la fierté, l’adresse et la contenance de ceux qui la composoient. Il sembloit que ce prince avoit envie de marcher à la conquête de toute l’Europe, tant il avoit fait de preparatifs pour cette expedition. Mais avant que d’ouvrir cette guerre, il voulut braver Henry en personne, en luy dépêchant un gentilhomme qu’il fit porteur d’une lettre par laquelle il le déficit et le provoquoit à un combat singulier, disant qu’il vouloit tirer raison de l’outrage qu’il avoit fait au roy