De la reddition volontaire de Burgos, Tolede et Seville, entre les mains de Pierre, et de l’ingratitude qu’il commit à l’égard du prince de Galles.
Après cette grande et fameuse victoire, la ville de
Burgos ouvrit de fort bonne grace ses portes au vainqueur.
Le prince de Galles s’entretenant avec ses courtisans
des promesses solemnelles que le roy Pierre avoit
faites, qu’en cas qu’il mourût sans enfans, la couronne
d’Espagne luy seroit dévoluë à luy et à ses héritiers,
fut bien desabusé de la bonne opinion qu’il avoit
conçue de ce prince infidelle, qui faisoit litiere de sa
parole, qu’il se moquoit de garder à ceux dont il avoit
tire tous les services qu’il en attendoit, et se faisoit un
plaisir de leur en manquer quand il n’en avoit plus
de besoin. Le prince de Galles fut étonné d’apprendre
de l’évêque de Burgos, que c’étoit là le vrai caractere
de Pierre. Il l’assûra qu’il ne devoit aucunement
compter sur tous les sermons qu’il pouroit lui avoir
faits, quand même ce seroit sur le saint Sacrement ;
mais que s’il avoit juré sur l’Alcoran, qu’alors il seroit
un fort religieux observateur de sa parole.
Ce prince fut encore plus suipris quand il sçut que Pierre avoit plus de penchant pour les Sarrazins que pour les Chrétiens, et commença pour lors de craindre qu’il n’eût employé ses armes pour un ingrat et pour un malhonnête homme. Il voulut un peu creuser là