luy fit ensuite un fort magnifique repas et le traita comme un souverain. La table et son buffet étoient chargées de tant de vaisselle d’or et d’argent qu’on n’en avoit veu jamais de si riche, ny en si grand nombre. Henry ne pouvoit se lasser de la regarder avec admiration. Le duc, s’en appercevant, dit qu’il luy faisoit present de tout ce qu’il voyoit pour luy payer sa bienvenuë. Henry, qui ne s’attendoit pas à ce compliment, en fut tout transporté de joye, d’autant plus qu’il en avoit un fort grand besoin dans la decadence de ses affaires. Ces deux princes monterent en suite à cheval, pour aller parler au Pape, qui faisoit alors son sejour dans Avignon. Le saint Père sçachant leur venuë donna l’ordre à quelques archevêques et ëvêques de venir au devant d’eux. Il y envoya même toute sa compagnie de gendarmes pour leur faire honneur, et quand ils furent arrivez, il les reçut avec tout l’accueil imaginable, et s’entretint fort secrettement avec eux de tant ce qui les pouvoit toucher.
De la delivrance du maréchal d’Andregfiem et du Besque de Vilaines, accordée par le prince de Galles, et de la reddition de Salamanque entre les mains d’Henry.
Un jour que le prince de Galles étoit de bonne humeur, il fut si puissamment sollicité de rendre la liberté au Besque de Vilaines par les amis que celuy-