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SUR DU GUESCLIN.

s’étoient rendus, il vouloit aussi que ce fût par son canal que se terminât toutte cette affaire. Bertrand se voyant le maître de tout, alla planter l’etendard du Duc sur le haut du donjon de la ville. Il fit ensuite ouvrir les portes au vainqueur. Les bourgeois en sortirent en foule pour venir au devant de leur nouveau seigneur, devant lequel ils se presenterent dans une posture fort humiliée pour témoigner le déplaisir qu’ils avoient d’avoir fait une si longue resistance. Les dames les plus qualifiées s’attroupèrent aussi pour paroître touttes aux yeux de ce prince dans un air fort contrit et fort desolé. Le Duc, de concert avec Bertrand, reçut leurs hommages et leurs soûmissions avec beaucoup de condescendance, conserva la ville de Tarascon dans ses privileges, et se contenta d’y coucher seulement une nuit après avoir étably dans la place un gouverneur qui luy étoit tout à fait affidé, qu’il laissa dedans avec une fort bonne garnison.

Ce prince leva le piquet dés le lendemain pour s’assurer de la ville d’Arles, dans laquelle il avoit des intelligences, et qui le dispensa de mettre le siege devant elle, ayant auparavant fait un traité secret avec ceux ausquels il avoit donné caractere pour convenir de touttes les conditions qui seroient proposées pour faciliter la reddition d’une ville si importante, et dont la prise ou la cession lui paroissoit si necessaire au bien de ses affaires. Bertrand voyant qu’il n’avoit plus rien à faire auprés du duc d’Anjou, prit la liberté de remontrer à ce prince qu’il étoit nécessaire qu’il allât en Bretagne voir le seigneur de Craon, et ce qu’il avoit d’amis dans cette province, pour amasser les sommes nécessaires au payement de sa rançon, qui