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ANCIENS MÉMOIRES

fit décamper de là à grands coups de sabres et d’épées. Les assiegez voyant que le secours qui venoit pour les dégager avoit été défait entierement, ne balancerent plus à prendre le party que Bertrand leur avoit inspiré. C’est la raison pour laquelle ils dépêcherent auprés du Duc quatre des plus notables bourgeois de Tarascon, pour luy déclarer qu’ils étoient dans la resolution de luy ouvrir leurs portes, et de réclamer sa misericorde.

Ils le trouverent dans sa tente ayant auprés de soy l’élite et la fleur de toute sa noblesse, le sire de Rabasten, Perrin de Savoye, Jaques de Bray, le Borgne de Melun, Guillaume le Baveux, le comte Robert d’Otindon, Robert Papillon et grand nombre d’autres seigneurs environnoient ce Prince, quand les députez de Tarascon vinrent se mettre à genoux devant luy comme se voulans prosterner à ses pieds pour le fléchir encore davantage. Celuy qu’on avoit chargé de porter la parole, debuta par presenter les clefs de la ville au Duc, luy disant que les cœurs de tous les bourgeois de Tarascon luy seroient ouverts, de même que leurs portes, s’il luy plaisoit de leur pardonner, et qu’ils avoiont plus de passion d’être ses sujets qu’il n’en avoit d’être leur souverain. Le Duc feignit de ne les pas écouter, et leur fit une réponse fort seche, parce qu’il avoit perdu beaucoup de monde devant cette place, dont la conquête luy avoit extrêmement coûté. Bertrand qui les avoit engagez à se rendre, se crut obligé de s’interesser en leur faveur, et de prier ce prince d’avoir pour eux quelques sentimens d’indulgence. Le Duc luy répondit qu’il le faisoit là dessus arbitre de tout, et que comme c’étoit par son ministere qu’ils