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précis des guerres

Philippe soumet en peu de temps la Normandie, et les autres provinces sujettes de l’Angleterre. Jean, au lieu de les défendre les armes à la main, a recours au Pape, qui, toujours disposé à accueillir de semblables prières, ordonne au roi de France de suspendre les hostilités. Le Roi, de concert avec ses barons, répond que les papes n’ont aucun pouvoir sur le temporel des souverains, et poursuit ses conquêtes. Enfin Jean demande une trêve de deux ans, et se retire en Angleterre : de nouveaux embarras l’y attendoient. Les prélats lui contestent le droit d’investiture pour les évêchés ; les démêlés s’échauffent, sont portés à la cour de Rome, qui met le royaume en interdit, délie les sujets du serment de fidélité, adjuge la couronne d’Angleterre au roi de France, et accorde des indulgences à ceux qui l’aideront à s’en rendre maître. Philippe avoit combattu les prétentions des papes lorsqu’ils s’étoient opposés à ses conquêtes ; il reconnut leurs droits, quand une bulle lui donna un royaume. Ce prince fait construire des vaisseaux, dont on porte le nombre à dix-sept cents ; mais au moment où il est prêt à s’embarquer, Pandolfe, légat du Pape, vient lui annoncer que Jean a remis ses États au saint Siège, dont il s’est reconnu feudataire, et il lui défend, sous peine d’excommunication, de continuer son entreprise. Mathieu Paris rapporte que le roi d’Angleterre, voyant toutes les forces de la France prêtes à fondre sur lui, et ne pouvant compter sur l’affection ni sur la fidélité de ses sujets, s’étoit d’abord adressé au miramolin de Maroc, et lui avoit promis de se faire Mahométan, s’il vouloit prendre son royaume sous sa protection. Philippe fut surpris, mais non pas dé-