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entre la france et l’angleterre.


chambres des enquêtes ; mais le désordre de ses finances et les moyens auxquels il eut recours pour se procurer de l’argent, ne tardèrent pas à le rendre odieux ; après avoir augmenté les impôts, il donna le funeste exemple d’altérer les monnoies, et fut flétri du surnom de faux-monnoyeur : des soulèvemens eurent lieu, même à Paris. Les Templiers, qui possédoient des biens immenses et qui, par conséquent, perdoient beaucoup au rabais des espèces, ne furent pas étrangers à ces séditions ; ils donnèrent de sérieuses inquiétudes, et leur perte, dit-on, fut dès-lors résolue.

Quelques historiens pensent que l’abolition de cet ordre avoit été secrètement décidée depuis long-temps, et que c’étoit une des conditions imposées par Philippe à Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux[1], avant de l’élever au saint Siége, lorsque, pendant le conclave de 1305, les intrigues du cardinal di Prato mirent à la disposition du Roi la nomination du successeur de Benoît XI. Mais il faut remarquer que la prétendue conférence de Philippe et de l’archevêque n’est rapportée que par Villani, qui, en composant son historien, a trop souvent confondu les bruits populaires avec les faits authentiques ; que les détails même dans lesquels il entre sur cette conférence, qui n’a eu et ne pouvoit avoir aucun témoin, suffisent seuls pour rendre sa relation très-suspecte ; que dans son récit il n’est point fait mention des Templiers, et que, suivant lui, le Roi

  1. Ce pape, qui prit le nom de Clément V, fixa, sur la demande de Philippe-le-Bel, sa résidence à Avignon, en 1309. Ses successeurs continuèrent de séjourner dans cette ville pendant soixante-huit ans. Les habitans de Rome, privés de leurs souverains et livrés aux dissensions civiles, appelèrent cet espace de temps la captivité de Babylone.