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entre la france et l’angleterre.

toient imposés, leur avoient fait perdre la considération publique ; ils excitoient l’envie ; on étoit disposé à les croire coupables. Philippe-le-Bel se décida-t-il à les perdre, comme on l’a dit, pour s’emparer de leurs biens ? L’événement prouve le contraire ; car tous les actes qui existent constatent qu’il n’éleva aucune prétention sur ces biens dont les Hospitaliers furent mis en possession par arrêt du parlement[1]. Guidé par une politique cruelle, il profita des fautes des Templiers pour détruire un ordre qui lui paroissoit dangereux dans l’État, et dont il croyoit avoir à se plaindre. Trop implacable dans ses vengeances, il les poursuivit avec un acharnement que rien ne peut excuser, et justifia ses victimes par l’excès des rigueurs qu’il exerça contre elles.

Dans le concile qui avoit été convoqué pour prononcer sur l’ordre des chevaliers du Temple, on s’occupa du projet d’une nouvelle croisade, à laquelle devoient concourir tous les souverains. Le Roi s’étoit engagé à prendre la croix avec ses fils et ses frères. Mais avant de s’engager dans cette expédition lointaine, il voulut terminer quelques démêlés qui s’étoient élevés entre la France et l’Angleterre, relativement à la Guyenne. Edouard II occupoit alors le trône : ce prince n’avoit pas hérité des grandes qualités de son père ; gouverné par des favoris, odieux aux grands et à la nation, il ne pouvoit être redoutable ; il avoit épousé Isabelle, fille du Roi ; on étoit loin de soupçonner alors que le fils né de ce mariage prétendroit un jour à la couronne de France, et réduiroit le royaume aux dernières extrémités. Edouard fut

  1. Le Roi ne retint pour lui que les objets mobiliers ; tous les immeubles furent données aux chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.