frère du comte régnant forma le projet chevaleresque
de la conduire en Angleterre avec le peu de troupes
dont il pouvoit disposer ; elles ne s’élevoient pas à trois mille hommes. Le mécontentement des Anglais fait,
contre toute apparence de probabilité, réussir cette
entreprise téméraire. La Reine, en débarquant, publie
qu’elle n’en veut qu’au favori, et qu’elle vient pour
réformer le royaume ; on accourt de toutes parts à sa
rencontre, et bientôt elle se trouve à la tête d’une
armée formidable. Edouard et son favori, abandonnés
par leurs soldats, s’enferment dans Bristol, où la Reine
les assiège ; ils essaient de se sauver et sont arrêtés :
Spencer est livré au supplice et le Roi déclaré indigne
du trône par un bill du parlement, puis assassiné en
prison peu de temps après. Edouard III, devenu Roi par la mort de son père, n’avoit que quinze ans. Une
régence est nommée ; mais la Reine, qui disposoit des
troupes, s’empare du pouvoir, qu’elle abandonne à
Mortimer, ne cachant plus une liaison qu’on n’avoit
fait que soupçonner jusque-là, et les barons n’ont
secoué le joug d’un favori que pour subir celui d’un
autre. L’amant d’Isabelle ne tarda pas à faire regretter
le malheureux Edouard II ; aussi avide que cruel, il abusa de son autorité pour se venger de ses ennemis ou pour perdre ceux dont il redoutoit l’influence, et il s’enrichit de leurs dépouilles : il osa même faire condamner le comte de Kent, oncle du Roi ; et les membres du parlement, aussi vils esclaves que sujets turbulens, prononcèrent la sentence. Edouard, parvenu à l’âge de dix-huit ans [1330], montra dès-lors ce qu’il seroit un jour. Certain des dispositions des grands, il pénètre par surprise dans le château de Nottingham, que sa mère habitoit avec le favori ; il le fait enlever
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précis des guerres