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entre la france et l’angleterre.


et fut obligé de recourir au crédit qu’Isabelle pouvoit avoir conservé sur le Roi son frère. Il la fit passer en France ; mais Charles exigeoit pour condition première du traité, qu’Édouard vînt en personne lui rendre l’hommage qu’il devoit à la couronne de France comme duc de Guyenne. Si le roi d’Angleterre refusoit, le fief étoit confisqué de droit. Spencer, son favori, avoit à craindre, s’il l’accompagnoit dans ce voyage, de tomber entre les mains d’Isabelle qu’il avoit outragée ; d’un autre côté, il n’osoit le laisser partir seul, parce que, pendant l’absence du monarque, il eût été exposé sans appui à la vengeance des barons, et que d’ailleurs le foible Édouard, qui avoit besoin d’être dominé, pouvoit se laisser subjuguer par un autre favori. Pour sortir de cet embarras, il proposa de céder la Guyenne au jeune Édouard, héritier de la Couronne, certain que la Reine obtiendroit facilement de son frère l’investiture du duché pour son fils ; en effet, Charles y consentit, et Édouard, âgé seulement de treize ans, fut admis à rendre hommage. La paix étant rétablie entre les deux nations, rien ne sembloit plus pouvoir dispenser la reine Isabelle de retourner en Angleterre, où elle étoit rappelée par son époux ; mais soit qu’elle redoutât réellement les machinations du favori, soit, comme on l’a prétendu, qu’elle fût retenue par sa passion pour le jeune Mortimer, qui ne pouvoit la suivre à Londres, parce qu’il avoit été condamné à mort, elle refusa obstinément de partir. Le roi Charles eut la foiblesse de fermer les yeux sur une conduite qu’il étoit loin d’approuver ; le séjour de la princesse à la cour de France, amena une nouvelle rupture. Le Pape intervint, et Charles étoit décidé à faire livrer Isabelle, lorsqu’elle se réfugia dans le Hainaut. Le