confiscation définitive si Édouard ne remplissoit pas
son devoir. Le jeune prince fut obligé de plier ; il écrivit
d’abord pour s’excuser du retard, puis s’embarqua
pour la France. Le 6 juin 1329, il comparut
devant le Roi, dans l’église cathédrale d’Amiens, vêtu
avec la plus grande magnificence, ayant la couronne
en tête, portant l’épée au côté et l’éperon doré ; il
étoit accompagné d’une suite nombreuse et brillante.
Arrivé au pied du trône, le grand chambellan de
France lui ordonna de quitter sa couronne, son épée
et ses éperons, et de se mettre à genoux devant son
souverain. Édouard s’aperçut alors que tout le faste
qu’il avoit eu l’imprudence de déployer dans cette
cérémonie, ne servoit qu’à relever la puissance du souverain
qu’il avoit cru braver. Il obéit en frémissant ;
mais lorsque le chambellan lui dit : « Sire, vous devenez,
comme duc de Guyenne, homme lige du Roi
monseigneur, qui ci est, et lui promettez foy et
loyauté porter, » il prétendit qu’il ne devoit que
l’hommage simple et non l’hommage lige. Après de
longues discussions, il promit de consulter ses archives,
d’expédier des lettres scellées du grand sceau, par lesquelles
il reconnoîtroit devoir l’hommage tel que ses
prédécesseurs l’avoient rendu, et de revenir en France
pour le prêter en personne. De retour dans ses États,
il cherchoit à éluder ; mais Philippe insistoit avec
menaces, et les troupes françaises faisoient des progrès
en Guyenne. Les lettres furent enfin expédiées[1].
- ↑ Ces lettres furent déposées à la chancellerie de France et au trésor des Charles. On y voit la formule précise de l’hommage que les rois d’Angleterre rendoient aux rois de France, pour les fiefs qu’ils possédoient dans le royaume. Comme il est souvent fait mention de