Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 5.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
SUR DU GUESCLIN.

fit point penser à la conservation de tous ces tresors pour les laisser à sa famille. Au contraire, elle luy fit naître l’occasion de faire éclater sa generosité ; car l’argent luy ayant manqué pour payer ses troupes, il invita tous les capitaines qui servoient sous luy de venir dîner avec luy, les traita de son mieux, et leur distribua touttes ces pierreries, ces joyaux, cet or et cet argent pour les satisfaire auparavant que de les licencier, pour executer l’ordre qu’il avoit reçu là dessus, et ne se reserva que le vaisseau d’or pour en faire préeent au Roy, qu’il alloit trouver. Il les pria tous, avant que de se separer d’avec eux, de ne pas quiter le service jusqu’à ce qu’il leur donnât de ses nouvelles après son retour de Paris, leur promettant qu’il ménageroit si bien les choses auprés du Roy, qu’ils auroient tous sujet de se loüer de sa conduite ; et que si Sa Majesté ne deferoit pas aux raisons qu’il avoit à luy dire pour luy faire ouvrir ses coffres, il luy remettroit entre les mains l’épée de connétable, et retourneroit en Espagne pour servir le roy Henry. Quand il les eut ainsi congediez avec le plus d’honnêteté qu’il luy fut possible, il renvoya le courier en Espagne, et le chargea de bien témoigner à son maître combien il étoit sensible à la munificence qu’il venoit de faire éclater en sa faveur, et de luy dire que si les affaires du royaume de France le luy pouvoient permettre, il iroit au plûtôt le trouver en personne pour le servir encore contre ses ennemis.

Ce courier s’en retourna fort content du succés de sa commission, et des dons que Bertrand luy fit avant que de le laisser partir. Ce general ne songea donc plus qu’à prendre le chemin de Paris où le Roy l’ap-