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ANCIENS MÉMOIRES

gens, il avoit encore été fait prisonnier, et qu’il esperoit qu’il en iroit de même de la bataille que du siege. Il luy commanda de plus de faire assembler les Anglois aussitôt qu’il les auroit joints, et de les avertir qu’ils se levassent sur leurs pieds, parce qu’il ne daignoit pas les attaquer tandis qu’ils demeuroient ainsi couchez sur le pré. L’Anglois retournant sur ses pas, exhorta les siens à bien faire, et leur apprit la defaite de Miton et des assiegez. Ils se levèrent aussitôt en criant Saint George ! et se rangeans en bataille, ils vinrent au petit pas contre les François. Leurs archers ouvrirent le combat en tirant une grêle de flêches qui fit plus de bruit que d’effet, parce que comme elles tomboient sur les casques des François, elles n’en pouvoient percer le fer ni l’acier. Les archers ayant fait leur décharge, firent place aux gendarmes, à qui Jean d’Evreux ordonna qu’après qu’ils auroient fait les derniers efforts pour ouvrir les François avec la pointe de leurs lances, il les jetassent aussitôt par terre pour mettre l’épée à la main et les combattre de plus prés, esperant que s’ils pratiquoient bien cette discipline, ils marcheroient à une victoire assûrée. Les Anglois se mirent en devoir de bien executer cet ordre qu’ils reçurent de leur general ; et d’abord ils chargerent les François avec tant de vigueur, qu’ils leur firent faire un arrière-pied de plus de vingt pas.

Bertrand, tout surpris devoir ses gens plier de la sorte, et sur le point de se rompre bientôt, les fit retourner à la charge, et leur commanda de disputer le terrain pied à pied à leurs ennemis, sans sortir chacun de sa place. Les François rentrerent donc en