Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 5.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
ANCIENS MÉMOIRES

qu’il vouloit éprouver par un combat singulier qu’il vouloit faire avec quelque cavalier de l’armée de Pierre, chrétien, juif ou sarrazin, si la bataille seroit heureuse pour Henry, pretendant qu’il en seroit de même de la journée que de l’assaut qu’il alloit faire contre un particulier des ennemis, jurant que s’il n’en rencontroit point dans les champs, il iroit faire celle bravade et ce défy jusqu’à l’armée de Pierre. Il trouva bientôt l’occasion de s’en épargner le chemin, car il apperçut au même instant trois Sarrazins qui s’étoient détachez de leur gros, pour mettre leurs chevaux en haleine et les faisoient bondir au milieu des champs, avec beaucoup de faste et d’orgueil. Cet écuyer breton les alla morguer luy tout seul, et quand il fut auprés d’eux, il passa son épée tout au travers du corps de celuy qui luy paroissoit le plus fier, elle jetta parterre. Il voulut aller aux deux autres, mais il fut bien payé de sa témérité ; car l’un d’eux nommé Margalan, luy déchargea sur le bras un si grand coup de sabre qu’il le luy coupa tout entier, et le fit tomber à terre avec son épée. Il couroit grand risque d’être tué, si ceux de l’embuscade n’eussent piqué leur chevaux jusques là pour le secourir. Les deux sarrazins les voyans courir à eux prirent aussitôt la fuitte, dont il y en eut un qui fut atteint et massacré. L’autre ayant échappé, s’en alla répandre l’alarme dans l’armée de Pierre, auquel il conta toute cette triste avanture, luy disant qu’il y avoit des gens d’Henry retranchez dans le bois des Oliviers. Pierre se le tint pour dit, et defendit à son monde de s’écarter, afin que chacun se preparât à bien payer de sa personne dans cette journée.