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ANCIENS MÉMOIRES

cette eminente dignité luy alloit attirer des jaloux, il fut bien aise que le choix que Sa Majesté faisoit de sa personne fût autorisé de son conseil même, composé des premières têtes de tout son royaume. C’est la grace qu’il prit la liberté de luy demander en la suppliant d’en faire le lendemain la proposition devant ceux qu’elle avoit accoutumé d’appeller auprés de sa personne, pour prendre leurs avis dans les affaires les plus importantes. Ce sage prince, bien loin de se choquer d’une condition qui luy devoit sembler inutile, puisque tout dépendoit absolument de luy, voulut bien par condescendance deferer à l’avis de Bertrand, qu’il emljrassa d’une maniere fort sincère, et qui marquoit le fonds de bienveillance qu’il avoit pour ce general. Il eut la bonté de le faire souper à sa table et de luy donner un appartement dans son hôtel, où l’on avoit fait tendre une chambre pour luy, fort richement tapissée d’un drap tout semé de fleurs de lys d’or.

Le lendemain ce prince, après avoir entendu la messe, assembla son conseil où se rendirent plusieurs ducs, comtes, barons et chevaliers, le prevôt de Paris et des marchands, et grande partie des plus notables bourgeois de cette capitale. Il leur representa les hostilitez que les Anglois faisoient dans ses États, et le besoin pressant dans lequel on étoit d’y apporter un prompt remede ; qu’il n’en avoit point imaginé de plus souverain, pour arréter le cours de tant de malheurs, que de choisir au plûtôt un connétable qui pût, par sa valeur et son expérience, rétablir les affaires de son royaume ; qu’ils n’étoient tous que trop persuadez qu’il n’avoit pas besoin de leur consente-