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SUR DU GUESCLIN.

velir sous les ruines de la ville de Tolede plutôt que de la rendre ; qu’ils mangeroient leurs chevaux pour vivre, et que, quand cet aliment viendroit à leur manquer, ils se mangeroient eux mêmes, et qu’il n’y avoit que la mort du roy Pierre qui pût le rendre maître de la ville. Henry ne se rebuta point de touttes ces rotomontades espagnoles. Il fit recommencer l’assaut avec plus de chaleur, et le continua jusqu’à la nuit avec la derniere opiniâtreté. Mais outre que les murailles de Tolede étoient fort hautes et fort épaisses, et les fossez fort profonds, les assiegez esperans du secours à tous momens se defendoient fort vigoureusement. Le Besque de Vilaines s’avisa d’un stratagème pour faire hâter la reddition de la place en intimidant les bourgeois. Il fit planter autant de potences à la veüe des assiegez qu’il avoit de leurs prisonniers dans ses mains, et ne se contentant pas de cet appareil menaçant, il en fit monter à l’échelle plus de deux douzaines qui passerent par les mains des bourreaux. Ce spectacle horrible les épouventa si fort, qu’un des plus riches bourgeois de la ville demanda de parler à Henry priant qu’on fît suspendre cette funeste exécution, jusqu’à ce qu’il eût entretenu ce prince sur une affaire importante qu’il avoit à luy communiquer. Il ne se fut pas plûtôt présenté devant luy, qu’Henry luy demanda d’où venoit cet acharnement que ceux de Tolede avoient à luy resister. Ce bourgeois l’assura que s’il vouloit luy donner la vie, il luy reveleroit un secret qu’il étoit nécessaire qu’il sçût. Ce prince lui promit de bonne foy qu’il ne le feroit point mourir s’il luy disoit sans déguisement tout ce qu’il scavoit. Cet homme luy dit que le loy Pierre avoit obtenu de