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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 5.djvu/95

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ANCIENS MÉMOIRES

se prepara de son mieux à se bien defendre, se persuadant que Guesclin ne feroit que blanchir dans l’entreprise qu’il feroit sur sa place. Bertrand s’étant mis à l’écart, vint retrouver ses gens pour les exhorter à tirer raison de l’insolence de ce commandant qui l’avoit bravé jusqu’à luy faire insulte, leur disant qu’il falloit aller dîner dans cette place où il y avoit de bonnes viandes et de fort bon vin qui les y attendoient, et que chacun se tint prêt pour monter à l’assaut. Il fit mettre pied à terre aux gendarmes, et leur ordonna de descendre dans le fossé pour s’attacher ensuite à la muraille, dans laquelle ils fichoient entre deux pierres leurs dagues et leurs poignards, dont ils se faisoient des degrez et des échelons pour monter, tandis que les arbalêtriers favorisoient à grands coups de traits les efforts qu’ils faisoient pour se rendre au haut des murs sans en être repoussez par les assiegez, qui n’osoient paroître sur les rampars, à cause de cette grêle de flêches et de dards que les François leur lançoient du bord du fossé. Roulequin de Raineval fut fait chevalier sur le champ de la main de Bertrand, pour avoir osé le premier monter à l’échelle. La precipitation qui faisoit aller les soldats à l’assaut, en faisoit beaucoup tomber les uns sur les autres ; mais l’ardeur qu’ils avoient de se rendre maîtres de la place, faisoit qu’ils s’entr’aidoient à se relever. Bertrand craignant que les fatigues ne refroidissent leur courage, leur promettoit de les recompenser largement, et les excitoit de son mieux à ne se point relâcher. Il y eut un soldat breton qui fit enfin de si grands efforts qu’il monta sur le mur, et se battant en désespéré contre les Anglois, qui le vouloient repousser, il fraya le chemin