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Le comte de Fuentes, gouverneur de Milan, se promettoit qu’il ne seroit pas plutôt à la cour qu’il ne brouillât les affaires.

En cette considération, il le porta, autant qu’il put, à prétendre la royauté, et lui promit à cette fin l’assistance de son maître. Mais ledit sieur prince lui témoignant qu’il aimeroit mieux mourir que d’avoir cette prétention, et qu’il n’avoit autre dessein que de se rendre auprès du Roi, à qui la couronne appartenoit légitimement, pour le servir, lors le comte lui déconseilla ce voyage, et lui fit connoître honnêtement qu’il ne pouvoit le laisser partir qu’il n’en eût eu auparavant ordre d’Espagne, qu’il fallut attendre en effet, quelque instance que ledit sieur prince fît au contraire.

Cet ordre étant venu, M. le prince prit de Milan son chemin en Flandre, où il avoit laissé sa femme. Il dépêcha en partant un gentilhomme au Roi, que la Reine lui renvoya en diligence avec beaucoup de témoignages de sa bonne volonté, et assurance qu’il auroit auprès du Roi son fils, et auprès d’elle, le rang et le crédit que sa naissance et sa bonne conduite lui devoient faire espérer.

Il ne fut pas plutôt à Bruxelles qu’on lui fit les mêmes sollicitations qui lui avoient été faites à Milan ; mais il ne voulut jamais y prêter l’oreille, ce qui dégoûta fort les Espagnols, qui désiroient si passionnément l’embarquer à ce dessein, que leur ambassadeur qui étoit à Rome avoit déjà voulu pénétrer de Sa Sainteté s’il se porteroit à le reconnoître en cette qualité.

Auparavant l’arrivée de M. le prince, la Reine ne se trouva pas peu en peine pour l’établissement des