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la cour : la connoissance que l’on avoit de son esprit faisoit croire qu’on en viendroit à bout, vu principalement qu’il trouveroit les choses si bien affermies, qu’il ne pourroit juger par raison avoir avantage à entreprendre de les ébranler. On espéroit aussi contenir les huguenots par l’entretènement de leurs édits, et l’intérêt des ducs de Bouillon, de Rohan et de Lesdiguières[1], qui étoient les principaux chefs de leur parti.

Et cependant le cours de la régence de la Reine nous fera voir le vrai tableau de l’inconstance des Français, même de ceux qui devroient être les plus retenus et les plus sages, et les diverses faces de la fidélité des grands, qui d’ordinaire n’est inviolable qu’à leurs intérêts, et qui changent souvent sur la moindre espérance qu’ils ont d’en tirer avantage ; puisqu’en effet nous verrons tous ceux qui sont maintenant attachés au Roi et à la Reine, les quitter tour à tour l’un après l’autre, selon que leurs passions et leurs intérêts les y portent.

Les princes du sang seront divisés et unis, et, en quelque état qu’ils soient, manqueront à ce qu’ils doivent. La maison de Guise sera unie et séparée de la cour, et ne fera jamais ce qu’on doit attendre ni de la fidélité qu’ils ont promise, ni du cœur de ses prédécesseurs. Les parlemens favoriseront les troubles à leur tour. Les ministres se diviseront, et, épousant divers partis ; se rendront artisans de leur perte.

  1. Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, duc de Bouillon. Henri iv lui avoit fait éponser Charlotte de La Marck, héritière de Bouillon et de Sedan ; maréchal de France depuis 1592. — Henri de Rohan, second du nom, premier duc du Rohan. — Charles, sire de Créqui et de Canaple, duc de Lesdiguières.