Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quel il ne pouvoit et ne devoit pas espérer la même qu’il avoit du temps du feu Roi.

Bullion eut ordre de s’avancer pour le trouver à Paris à son retour de ses maisons, et lui faire entendre la bonne volonté de la Reine, qui vouloit avoir en lui pareille confiance qu’avoit eue le feu Roi.

Il accepta l’offre de la Reine avec autant de civilité que son naturel rude et grossier lui permit d’en faire. Cependant il ne demeura pas satisfait, parce qu’il prétendit une commission scellée pour l’exercice de la charge des finances, ce qu’on ne voulut pas lui accorder, attendu que, du temps du feu Roi, il n’en avoit pas eu seulement un brevet. Ce refus mit cet homme en de grandes méfiances du chancelier, de Villeroy et de Conchine qu’il tenoit pour son ennemi.

Il continua néanmoins, depuis le retour du sacre, l’exercice de sa charge environ quinze jours ou trois semaines, après lequel temps le différend des Suisses de Lyon, dont j’ai déjà parlé, se renouvela sur ce que Villeroy vouloit en assurer le paiement sur la recette générale dudit lieu. Le duc de Sully s’aigrit tellement sur cette affaire, que, non content de soutenir qu’il n’étoit pas raisonnable de charger le Roi d’une telle dépense, les habitans pouvant faire la garde de Lyon, comme ils avoient toujours accoutumé, il se prit au chancelier, qui favorisoit Villeroy, et lui dit qu’ils s’entendoient ensemble à la ruine des affaires du Roi. Comme cette offense étoit commune à tous les ministres, ils s’accordèrent tous de ruiner ce personnage, dont l’humeur ne pouvoit être adoucie.

Alincour, intéressé au sujet dont il s’agissoit, s’adressa pour cet effet au marquis de Cœuvres,