Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rachever, conjointement avec eux, le dessein projeté contre le duc de Sully.

Ainsi les ministres, qui ne vouloient que prêter l’épaule au temps, et gouverner doucement jusques à la majorité du Roi, conseillèrent à la Reine de consentir au mariage désiré par le comte de Soissons pour son fils ; en quoi ils ne se donnèrent pas de garde qu’ils offensèrent le cardinal de Joyeuse et le duc d’Epernon, alliés à ladite princesse, qui, lorsque cette affaire fut publiée, firent de grandes plaintes à la Reine de ce qu’elle l’avoit conclue sans leur en donner part.

Le comte de Soissons s’excusa, disant que par discrétion il en avoit usé ainsi, d’autant qu’étant une affaire qui regardoit Monsieur et la Reine, il avoit cru être obligé de tirer le consentement de Sa Majesté avant que de former aucun dessein ; mais ils ne se payèrent point de ces excuses, et demeurèrent mal avec lui jusques à sa mort.

Peu de jours après il survint une seconde querelle, qui fut entre lui-même et le prince de Conti, et ensuite la maison de Guise. Les carrosses des deux premiers s’étant rencontrés dans la rue parmi un embarras de charrettes, dans lequel il étoit nécessaire que l’un s’arrêtât pour laisser passer l’autre, l’écuyer du comte de Soissons, ne reconnoissant pas le carrosse du prince de Conti, l’arrêta avec menaces, et fit passer celui de son maître ; lequel, s’en étant aperçu, envoya incontinent faire ses excuses au prince de Conti, l’assurant que ce qu’il avoit fait n’avoit été avec aucun dessein de l’offenser, mais par mégarde, et qu’il étoit son très-humble serviteur.