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Il croyoit par là que la chose fût assoupie ; mais le lendemain M. de Guise montant à cheval, accompagné de plus de cent gentilshommes, et passant assez près de l’hôtel de Soissons, alla voir M. le prince de Conti.

Le comte de Soissons, qui crut avec raison que cela avoit été fait pour le braver, voulut monter à cheval pour les aller rencontrer ; quantité de ses amis se joignent à lui, M. le prince le vient trouver avec grande compagnie. La Reine en ayant avis, et craignant l’inconvénient qui en pourroit arriver, envoya prier M. le comte de ne pas sortir, et manda à M. de Guise qu’il se retirât chez lui : ce qu’il fit sans voir la Reine, que M. le comte alla trouver au Louvre.

M. de Guise trouva, du commencement, bonne la proposition que la Reine fit, qu’il allât trouver M. le comte, comme par visite, pour lui faire ses excuses, et l’assurer qu’il étoit son serviteur : mais quand il en eut parlé à M. du Maine, le vieux levain de la maison de Guise contre celle de Bourbon parut encore ; car il l’en dissuada, lui fit retirer la parole qu’il en avoit donnée à la Reine ; et enfin, pour tout accommodement, M. du Maine[1] vint le lendemain trouver la Reine, et, en présence des plus grands de la cour, lui fit des excuses pour son neveu, assurant Sa Majesté que toute la maison de Guise demeureroit toujours avec M. le comte dans les termes de civilité, d’honneur et de bienséance qu’ils devoient, et qu’ils l’honoreroient et seroient ses serviteurs s’il vouloit bien vivre avec eux.

  1. Charles, duc de Mayenne, celèbre pendant les guerres de la ligue. Dans les Mémoires on le nomme indifféremment duc de Mayenne ou du Maine : mort en 1611.