Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/138

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Cette querelle eût été capable de faire beaucoup de mal dans la cour, qu’elle eût partagée indubitablement, si la Reine n’eût été conseillée d’y prendre intérêt, comme en effet elle y en avoit beaucoup, vu que ce désordre étant arrivé en sa chambre, le respect qui lui étoit dû avoit été violé.

Elle eût volontiers remis ce qui la touchoit à Châtaigneraie, qui une fois lui avoit sauvé la vie ; mais il valoit mieux pour lui-même qu’elle le châtiât en apparence, pour satisfaire les grands en effet, que de laisser sa faute impunie : ce qui fit qu’elle se porta sans peine à l’envoyer à la Bastille, où il ne fit qu’entrer et sortir, pour se retirer d’un mauvais pas où il s’étoit mis inconsidérément.

Incontinent après on mit les fers au feu pour éloigner le duc de Sully ; le comte de Soissons y disposa M. le prince ; le marquis de Cœuvres eut charge de savoir le sentiment du duc de Bouillon sur ce sujet, qui lui dit qu’il ne pouvoit rien arriver au duc de Sully qu’il n’eût mérité ; mais qu’il n’y vouloit en rien contribuer, tant pour ce qu’il jugeoit bien qu’il n’étoit pas nécessaire, que pour ce qu’il ne vouloit pas que les huguenots lui pussent reprocher qu’il eût éloigné un des frères du ministériat.

M. le prince et M. le comte de Soissons en parlèrent les premiers à la Reine, les ministres suivirent, et le marquis d’Ancre lui donna le dernier coup.

Ainsi il se vit contraint de se retirer au commencement de février, chargé de biens que le temps auquel il avoit servi lui avoit acquis, mais d’envie pour la grande autorité avec laquelle il avoit fait sa charge, et de haine pour son humeur farouche. On