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que l’on l’avoit trompé ; car je tiens les ministres qui gouvernoient lors, trop sages pour lui avoir promis de le faire appeler au ministère de l’État, étant de l’humeur qu’il étoit et de la croyance qu’il professoit. Il devoit plutôt dire qu’il s’étoit trompé, se flattant lui-même par vaines espérances de ce qu’il désiroit.

En effet, promettre et tenir à ceux qui ne se conduisent que par leurs intérêts ce qu’ils peuvent justement attendre de leurs services, et leur laisser espérer d’eux-mêmes ce qu’ils souhaitent outre la raison, saus qu’ils puissent croire qu’on leur ait rien promis, n’est pas un mauvais art de cour dont on puisse blâmer ceux qui le pratiquent ; mais jamais il ne faut promettre ce qu’on ne veut pas tenir ; et si quelqu’un gagne quelquefois en ce faisant, il se peut assurer que son mauvais procédé étant connu, il perdra bien davantage.

Tandis que les huguenots se mutinoient en leur assemblée contre l’État, nos théologiens n’étoient pas en paix à Paris entre eux.

Il arriva, le dimanche de la Trinité, une grande dissension en la Faculté de théologie, sur ce qu’un dominicain espagnol soutint, en des thèses qu’il mit en avant au chapitre général que son ordre tenoit lors à Paris, que le concile n’est en aucun cas au-dessus du Pape.

Richer[1], syndic de la Faculté, s’adresse à Coeffeteau, prieur des jacobins, et le reprend d’avoir souffert que cette proposition fût insérée dans la thèse.

  1. Edmond Richer : c’est lui qui le premier a fait des recherches très-curieuses sur Jeanne d’Arc. Ses manuscrits sont à la bibliothèque du Roi.