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désirés ardemment, ayant dès lors mis cette affaire en délibération avec les princes et les grands du royaume, qui firent paroître en cette occasion-là que la diversité des jugemens vient d’ordinaire des passions dont les hommes sont agités ; car, la plus grande part le jugeant nécessaire, quelques-uns essayèrent de l’en divertir ; mais elle, qui, ouvrant les yeux pour en connoître la cause, jugea que l’intérêt particulier faisoit improuver à peu d’esprits ce que l’utilité publique faisoit souhaiter à beaucoup, par l’avis de son conseil se résolut d’y donner l’accomplissement.

Pour cet effet, elle envoya dès lors des princes et seigneurs découvrir les sentimens du Pape, de l’Empereur, du roi d’Angleterre, et de tous les autres princes et alliés. Après une approbation générale, elle conclut le double mariage, donnant une fille et en prenant une autre, et ce à même condition, n’y ayant autre changement que ce que la nature du pays change soi-même.

Maintenant ces mariages devant être publiés, et le jour en étant pris au 25 de mars, messieurs le prince et le comte de Soissons, quoiqu’ils eussent opiné à ces mariages, se retirent, et n’y veulent pas assister.

Le duc du Maine[1] ne laissa pas d’aller au jour nommé trouver l’ambassadeur d’Espagne, et le mener au Louvre, où le chancelier ayant fait tout haut la déclaration de Leurs Majestés touchant l’accord desdits mariages, l’ambassadeur confirma le consentement et la volonté du Roi son maître ; puis, al-

  1. Le duc du Maine  : Henri de Lorraine, fils du fameux duc de Mayenne, mort l’année précédente.