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lant saluer Madame, parla à elle à genoux, suivant la coutume des Espagnols quand ils parlent à leurs princes.

En témoignage de l’extrême réjouissance qu’on en reçoit, il se fait des fêtes si magnifiques, que les nuits sont changées en jours, les ténèbres en lumière, les rues en amphithéâtres.

On n’est pas si occupé en ces réjouissances publiques, qu’on ne pense à rappeler à la cour les princes qui s’en étoient éloignés, la pratique du temps portant qu’on couroit toujours après les mécontens pour les satisfaire, joint que la maison de Guise et le duc d’Epernon se croyoient alors si nécessaires, qu’ils concevoient déjà espérance de tirer de grands avantages de cet éloignement ; ce que le marquis d’Ancre ne pouvoit aucunement souffrir, et les ministres d’autre côté ne croyoient pas que ces mariages se pussent sûrement avancer en leur absence.

On dépêcha à M. le comte le sieur d’Aligre, qui étoit intendant de sa maison, avec des offres avantageuses pour le ramener ; mais il le renvoya avec défenses de se mêler jamais de telles affaires.

Cependant le marquis de Cœuvres, qui avoit commencé, comme nous avons dit, de traiter avec Dolé pour le raccommodement de M. le comte et du marquis d’Ancre, lui mit en avant le gouvernement de Quillebeuf en Normandie. Le marquis d’Ancre se fait fort de le faire agréer à la Reine ; il lui en parle, il s’enferme avec elle dans son cabinet pour l’en prier ; elle le refusa ouvertement, sachant bien que cette place ne le contenteroit que pour trois mois, et lui donneroit par après une nouvelle audace.