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quereller par le chevalier de Guise qui le tua, sous prétexte de la mort de son père, où il s’étoit vanté d’avoir eu quelque part. Jamais on ne vit tant de larmes que celles qu’épandit la Reine.

Des personnes peu affectionnées à la maison de Guise, se voulurent servir de cette occasion pour aigrir l’esprit de cette princesse contre eux : il fut fait diverses propositions sur ce sujet ; Dolé alla jusques à ce point, que de proposer de faire venger un tel outrage par les Suisses en la personne des ducs de Guise et d’Epernon, lorsqu’ils entreroient en la salle des Gardes du Roi.

Ce conseil fut rejeté de ceux qui étoient les plus sages, et la Reine se résolut, de son mouvement, à poursuivre le chevalier de Guise par justice. En effet, elle en eût usé ainsi, si le chancelier, qui craignoit tout, n’eût cherché tous les délais qu’il lui fut possible pour différer l’expédition de la commission dont il avoit reçu commandement sur ce sujet.

La foiblesse du chancelier fut cause que Sa Majesté, en l’effort de sa colère, qui n’étoit pas petite, tant pour l’horreur du sang qui avoit été légèrement épandu, que parce que le baron de Luz n’avoit été tué que sur l’opinion et la crainte qu’on avoit qu’il l’eût servie, se rendit capable de l’avis que les ministres lui donnèrent d’accorder quelque chose au temps, et trouva qu’elle devoit, en cette occasion, se servir d’un des conseils que le feu Roi lui avoit donnés, de n’en prendre point de sa passion, quoiqu’en ce sujet elle fût aussi juste qu’elle étoit grande. Ainsi elle pardonna, en cette rencontre, une action qui en toute autre eût été d’autant moins pardon-