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LIVRE IV.


[1613] Monsieur le prince étant, par la mort du comte de Soissons, demeuré seul, sans plus avoir de compagnon en sa puissance, ni craindre que son autorité pût être divisée ni combattue, comme elle étoit auparavant lorsque M. le comte se pouvoit faire chef d’un parti contre lui, on estimoit que la France recevroit cet avantage en la perte qu’elle avoit faite en cette mort, qu’il en seroit plus modéré en ses demandes ; mais l’expérience fit voir au contraire qu’il jugea qu’étant seul il en devoit être plus considérable.

Il ne donna pas sitôt des témoignages de son dessein, mais attendit l’occasion qui lui en fut offerte par la défaveur des ministres, à cause de la lâcheté du chancelier de Sillery, qui ôta le moyen à la Reine de tirer raison de la mort du baron de Luz, qui fut tué mal à propos, le 5 de janvier, par le chevalier de Guise, qui fut enhardi à cette mauvaise action par l’impunité avec laquelle il avoit attenté l’année précédente la même chose contre le marquis de Cœuvres.

Ce baron de Luz s’étoit trouvé par hasard à Saint-Cloud durant une grande maladie qu’eut le duc d’Epernon, chez lequel se tint une conférence d’une entreprise violente qu’on vouloit faire pour changer le gouvernement.

Le duc de Guise et ceux qui en étoient, voyant qu’incontinent après il prit grande habitude avec la Reine, soupçonnèrent qu’il les avoit découverts, ou qu’il le pouvoit faire, et pour cet effet le firent