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Le marquis Linochosa même, quoiqu’il favorise le duc, est obligé, par le commandement du Roi son maître, d’armer et s’opposer à ses desseins ; il fait des troupes avec lesquelles il lui fait lever le siége de Nice. Dès que le Savoyard vit paroître les armes d’Espagne, il lui manda qu’il ne vouloit pas employer les siennes contre celles-là, et se retire.

La nouvelle de ces mouvemens en Italie met la Reine en peine ; cette affaire ne lui semble pas de peu de conséquence ; elle la juge la plus grande de toutes celles qui sont survenues au dehors depuis le commencement de sa régence jusqu’en ce temps, et ne voulant pas se hasarder d’y prendre aucune résolution d’elle-même sans l’avis et consentement de tous les grands du royaume, le marquis d’Ancre, qui épioit l’occasion, prend celle-là à propos pour faire revenir les princes, qui furent tous bien aises de retourner, excepté M. de Nevers qui étoit engagé en Italie.

M. de Bouillon est à peine de retour à la cour, que le marquis d’Ancre envoie chez lui le visiter, et lui faire part de tout ce qui se traitoit entre lui et M. de Villeroy, dont il n’avoit encore rien su, la chose s’étant tenue fort secrète entre ceux qui la traitoient. Tant s’en faut qu’il l’en dissuadât, qu’au contraire il le confirma en cette volonté, et lui promit de lui garder le secret fidèlement, ce qu’il fit ; en sorte qu’il ne fut rien su de cette affaire qu’elle ne fût parachevée.

Il arriva néanmoins deux sujets de refroidissement qui la retardèrent. Un nommé Magnas, qui suivoit toujours le conseil, fut pris prisonnier à Fontainebleau au mois de mai ; il avoit été accusé d’avoir été