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pour donner de l’eau à ce palais, elle y fit conduire les fontaines de Rongy, à quatre lieues de Paris ; œuvre vraiment royale, et ce d’autant plus, que, n’en retenant que la moindre part pour elle, elle donne tout le reste de ses eaux au public, les divisant au collége Royal et en plusieurs autres lieux de l’Université.

On fit aussi en même temps, dans le conseil, une proposition de conjoindre les deux mers[1] par les rivières d’Ouche et d’Armançon, qui ont toutes deux leurs sources en Bourgogne. Celle d’Ouche porte des bateaux assez près de Dijon, et va descendre dans la Saône, puis au Rhône, et dans la mer Méditerranée ; l’autre, qui est navigable vers Montbard, tombe dans l’Yonne, qui descend dans la Seine, et de là en l’Océan. Cette entreprise étoit trop grande pour le temps, n’y ayant personne qui eût soin du commerce et de la richesse de la France pour l’appuyer ; aussi fut-elle seulement mise en avant et non résolue.

Tandis que toutes ces choses se font, il naît de la froideur entre le marquis d’Ancre et M. de Villeroy, le premier commençant à mépriser l’alliance du dernier, et ne l’estimer pas sortable à ce qu’il pouvoit espérer. Dolé aidoit à ce dégoût, offensé de se voir trompé en l’espérance qu’il prétendoit que le sieur d’Alincour lui avoit donnée, de lui faire avoir le contrôle général des finances qu’avoit le président Jeannin. M. de Villeroy n’en avoit jamais ouï parler ; mais le

  1. De conjoindre les deux mers : Il s’agit du canal de Bourgogne. Cette entreprise n’a été commencée que sous le règne de Louis xvi. Elle n’est pas terminée au moment où nous écrivons.