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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/225

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le sieur Abafy, gouverneur de Tokai, auquel il donna charge de se défaire de lui, de peur que se voyant si faiblement assisté il ne se tournât du côté du Turc, et ne lui mît ce qui lui restoit de places en sa puissance. Abafy exécute son commandement, et, n’osant entreprendre de le faire tuer à coups de main à cause qu’il craignoit sa grande force, il prit l’occasion d’un jour qu’il s’alloit promener peu accompagné, ne se doutant de rien, et envoya deux cents chevaux, qui le tuèrent dans son carrosse à coups d’arquebuses.

Ainsi Gabriel Bethelin se trouva confirmé en sa principauté par la mort de son ennemi, à laquelle il n’avoit rien contribué ; et la maison d’Autriche, comme si elle étoit avide de mauvaise renommée, se chargea de tout le crime, ayant témoigné, par le traitement qu’elle a fait à ces deux princes de Transylvanie de la maison de Battory, combien son assistance est dangereuse, puisqu’elle a, contre tout devoir de reconnoissance, tenu en servitude et fait traîner une vie misérable à Sîgismond, qui avoit de son bon gré donné à l’empereur Rodolphe la principauté dont il étoit revêtu, et que maintenant son frère Mathias, au préjudice de son propre honneur et du droit des gens, qui l’obligeoient à protéger celui qui s’étoit jeté à ses genoux, le fait cruellement massacrer par ceux mêmes qu’il feignoit envoyer à son secours.