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ennemi, et faisoit instance vers le gouverneur de Milan pour lui faire licencier ses troupes.

Lui, au contraire, s’en défendoit, envoya ses enfans en Espagne pour obtenir de Sa Majesté Catholique ce qu’il désiroit en cela, ou au moins pour gagner autant de temps.

Enfin toutes ces longueurs obligèrent Sa Majesté de dépêcher en Italie, vers l’un et vers l’autre de ces princes, le marquis de Cœuvres, qui partit le 22 de décembre, avec un ordre particulier de faire en sorte que le duc de Mantoue voulût remettre au sieur de Galigaï, frère de la marquise d’Ancre, son chapeau de cardinal.

Avant que de passer en l’année suivante, il est à propos que nous remarquions ici la mort de Gabriel Battory, prince de Transylvanie, et l’élection de Gabriel Bethelin en sa place, prince qui fera parler glorieusement de lui ci-après.

Gabriel Battory fut d’une force de corps prodigieuse, de laquelle on raconte en Transylvanie des choses qui surpassent toute créance : il n’avoit pas un courage moindre, et le témoigna en plusieurs guerres contre ses voisins ; mais il étoit accompagné d’une outrecuidance barbare, et, esclave de ses vices, s’abandonnoit à toutes sortes de voluptés. Il se rendit amoureux de la femme de Gabriel Bethelin, et voulut faire mauvais traitement au mari, qui se retira en Turquie, d’où il entra en Transylvanie avec deux armées, l’une par la Valachie, l’autre par le Pont de Trajan, chassa Battory, et se fit élire prince au lieu de lui. Battory s’enfuit à Waradin, recourt à l’Empereur, qui lui envoie quelque foible secours commandé par