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plus haut prix ? Cela donne juste sujet de douter si c’est un bon moyen d’avoir la paix de l’acheter avec telles profusions de charges et de dépenses, puisqu’elle ôte le pouvoir de continuer, fortifie la mauvaise volonté des grands, et augmente le mal par le propre remède et la précaution que l’on y a voulu apporter.

On dira peut-être que cela a différé la guerre quelques années ; mais, si elle l’a différée, elle a donné moyen de la faire plus dangereuse par après. Il est vrai que la Reine en a tiré cet avantage, qu’elle a quasi gagné le temps de la majorité du Roi, en laquelle, agissant par lui-même, il lui sera plus aisé de mettre à la raison ceux qui s’en voudront éloigner.

Les princes et les grands, voyant que le temps s’approchoit auquel le Roi devoit sortir de sa minorité, craignirent qu’il s’écoulât sans qu’ils fissent leurs affaires, et, ne les ayant pu faire à leur souhait dans la cour par négociations, nonobstant les libéralités et les prodigalités qui leur avoient été faites, ils se résolurent de les faire au dehors par les armes. À ce dessein, et pour chercher noise, ils se retirèrent de la cour dès le commencement de l’année. M. le prince part le premier, et va à Châteauroux après avoir pris congé du Roi, promettant à Sa Majesté de revenir toutes fois et quantes qu’il le manderoit.

Autant en fit M. du Maine, qui s’en alla à Soissons, et M. de Nevers en son gouvernement de Champagne.

Le duc de Bouillon demeura quelque temps après eux à la cour, et assura les ministres et la Reine qu’ils avoient intention de demeurer dans la fidélité