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qu’ils devoient à Sa Majesté, et que la cause de leur mécontentement étoit la confusion qu’ils voyoient dans les affaires, de laquelle ils croyoient être obligés de représenter les inconvéniens qui en pourroient arriver à Sa Majesté, et avoient quelque pensée de s’assembler sur ce sujet à Mézières avec leur train seulement.

Le cardinal de Joyeuse fut employé vers lui pour aviser à assoupir cette émotion en sa naissance ; mais ledit duc, connoissant qu’il n’avoit aucun pouvoir de procurer les avantages qu’ils désiroient, n’y voulut pas entendre. À peu de temps de là, il partit pour aller trouver les princes, sous prétexte de les ranger à leur devoir, mais à dessein en effet de les en éloigner davantage : ce qui parut bien par le bruit qu’il fit courir en partant, qu’il se retiroit parce qu’on avoit eu dessein de l’arrêter.

M. de Longueville partit incontinent après, sans prendre congé de Leurs Majestés, qui, ayant eu avis que le duc de Vendôme, qui étoit encore à Paris, étoit aussi de la partie, le firent arrêter au Louvre le 11 de février.

En même temps force livrets séditieux couroient entre les mains d’un chacun ; les almanachs, dès le commencement de l’année, ne parloient que de guerre ; il s’en étoit vu un, d’un nommé Morgard, qui étoit si pernicieux que l’auteur en fut condamné aux galères. C’étoit un homme aussi ignorant en la science qu’il professoit faussement, que dépravé en ses mœurs, ayant pour cet effet été repris de justice, ce qui fit juger qu’il n’avoit été porté à prédire les maux dont il menaçoit, que par ceux-là mêmes qui