Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/231

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naces que les princes et autres grands leur faisoienl, qu’ils n’osoient lui déconseiller. Le seul Barbin, auquel la Reine avoit quelque confiance pour ce qu’il étoit intendant de sa maison, et étoit homme de bon sens, insista au contraire, lui apportant pour principale raison le péril auquel en ce faisant elle mettroit le Roi.

Elle dit qu’on lui avoit donné avis de Bretagne que quelques-uns faisoient courir le bruit qu’elle vouloit faire empoisonner le Roi pour avoir continuellement et à toujours la régence ; que c’étoit chose horrible de lui imputer telle calomnie, jurant qu’elle éliroit plutôt la mort que la continuation d’une si pesante charge ; dit de plus qu’elle savoit tous les mauvais bruits qu’on faisoit courir contre elle-même, contre sa réputation, et que ce n’étoit la première fois qu’on avoit dit que le marquis d’Ancre la servoit, et que, quand les factieux n’en peuvent plus, ils publient divers discours et contre sa personne et contre le gouvernement de l’État. Néanmoins, qu’elle est résolue d’achever l’administration pendant le temps de sa régence, ayant pour principal but de bien servir le Roi, et se tenir bien auprès de lui, et qu’elle pouvoit dire assurément que cela alloit le mieux du monde entre le Roi et elle, et qu’elle prendroit courage, voyant le temps de la majorité approcher, et qu’elle avoit su et appris de bon lieu que la reine Catherine de Médicis avoit fait déclarer le roi Charles majeur de bonne heure, pour se décharger d’envie, et avoir l’autorité plus absolue sous le nom du Roi son fils.

Il y avoit dans le conseil une grande division pour