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nos vies et nos honneurs dépendent ; que de là provient la vénalité du détail de la justice, qui monte à si haut prix qu’on ne peut conserver son bien contre celui qui le veut envahir qu’en le perdant, et pour le paiement de celui qui le doit défendre ; qu’il n’y a plus d’accès à la vertu pour les charges ; qu’elles sont rendues propres à certaines familles, desquelles vous ne les sauriez tirer qu’en les payant à leur mort, d’autant qu’elles sont assurées de ne les pouvoir perdre : ce qui établit une merveilleuse tyrannie en elles, et principalement en celles de lieutenans généraux des provinces, les charges desquels ne furent jamais, du vivant du feu Roi, comprises au droit annuel : pour toutes ces considérations, elle trouva bon de se joindre à cette première proposition de la noblesse. Quant à la seconde, elle s’y joignit pour son propre intérêt.

La chambre du tiers-état, les députés de laquelle étoient, par un des principaux articles de leur instruction, chargés de demander l’extinction de ladite paulette, députa vers le clergé, et consentit à se joindre auxdites demandes. Mais, pour ce que la plupart desdits députés étoient officiers, et partant intéressés à faire le contraire de ce qui leur étoit ordonné, ils ajoutèrent, pour éluder cette résolution, qu’ils prioient aussi le clergé et la noblesse de se joindre à eux en deux supplications qu’ils avoient à faire à Sa Majesté : la première, qu’il lui plût, attendu la pauvreté du peuple, surseoir l’envoi de la commission des tailles jusqu’à ce que Sa Majesté eût ouï leurs remontrances sur ce sujet, ou, dès à présent, leur en eût diminué le quart ; la seconde, qu’attendu que par ce moyen