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devoient ôter cet article de leur cahier, et se remettre à messieurs du clergé de le changer, réformer, et en ordonner ce qu’ils jugeroient à propos.

L’opiniâtreté ne donna pas lieu de céder à la raison : comme ils s’étoient animés dès le commencement contre les deux chambres de l’Église et de la noblesse, ils ne voulurent pas se relâcher de ce qu’ils avoient mis en avant, principalement se laissant emporter à la vanité du spécieux prétexte du soin qu’ils prenoient de la défense des droits du royaume et de la sûreté de la personne des rois, sans ouvrir les yeux pour reconnoître qu’au lieu de la conservation de l’État ils le mettoient en division, et, au lieu d’assurer les vies de nos rois, ils les mettoient en hasard, et leur ôtoient la vraie sûreté que leur donne la parole de Dieu.

La cour de parlement intervint, et, au lieu de mettre ordre à ce tumulte, l’augmentoit davantage ; mais le Roi y mit la dernière main et le termina, évoquant la connoissance de cette affaire, non à son conseil seulement, mais à sa propre personne, et retirant cet article du cahier du tiers-état.

Durant la tenue des États il se fit tant de duels, que la chambre ecclésiastique se sentit obligée de députer vers le Roi l’évêque de Montpellier, pour lui représenter qu’ils voyoient à regret que le sang de ses sujets étant épandu par les querelles, leurs ames, rachetées par le sang innocent de Jésus-Christ, descendissent aux enfers ; que c’étoit proprement renouveler la coutume barbare du sacrifice des païens, qui immoloient les hommes au malin esprit ; que la France en étoit le temple, la place du combat en étoit l’autel,