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deux premiers, la Reine se lassa de tant attendre, étant avertie aussi que cependant ils armoient de tous côtés, pour arracher de force ce qu’ils ne pouvoient obtenir par leurs remontrances. Le chancelier, pour achever de perdre le sieur de Villeroy, rendant sa négociation inutile, poussoit à la roue tant qu’il pouvoit, remontrant à la Reine que le président Jeannin et lui entretenoient exprès cette négociation pour retarder son départ, et qu’ils l’engageroient enfin insensiblement à promettre des choses dont elle auroit de la peine à se dédire, ce qui serviroit aux princes de prétexte d’entreprendre avec plus de couleur ; joint qu’il étoit assuré que le sieur de Villeroy s’étoit uni avec les princes, et leur servoit de conseil au lieu de les détourner de leur dessein : cela fit que la Reine envoya le sieur de Pontchartrain, le 26 de juillet, avec lettres du Roi à M. le prince, par lesquelles il lui mandoit qu’il étoit résolu de partir le premier jour d’août ; qu’il le prioit de l’accompagner, ou de dire en présence dudit Pontchartrain si, contre ce qu’il lui en avoit fait espérer, il lui vouloit dénier ce contentement.

M. le prince répond à Sa Majesté que son voyage étoit trop précipité ; qu’il devoit auparavant avoir donné ordre aux affaires de son État, et pourvu aux désordres qui lui avoient été représentés par les États et par son parlement, desquels désordres le maréchal d’Ancre, le chancelier, le commandeur de Sillery, Bullion et Dolé étoient les principales causes ; que jusque-là il supplioit Sa Majesté de l’excuser s’il ne pouvoit l’accompagner.

Tandis qu’il se plaignoit des désordres, il essayoit