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de s’en prévaloir d’un contre le service du Roi, qui étoit arrivé en la ville d’Amiens.

Prouville, sergent-major de ladite ville, n’étoit pas fort serviteur du maréchal d’Ancre, non plus que beaucoup d’autres d’icelle, et étoit pour ce sujet mal voulu de lui et des siens. Le jour de la Madeleine, se promenant sur le fossé, un soldat italien de la citadelle le rencontra, et, l’ayant tué de deux ou trois coups de poignard, se retira dans la citadelle, où celui qui y commandoit, non-seulement le reçut et refusa de le rendre à la justice, mais monta à cheval avec lui, et le conduisit en Flandre jusques en lieu de sûreté.

Tout le peuple en fut merveilleusement ému ; les princes, espérant qu’il le pourroit être jusques à les vouloir aider à s’emparer de la citadelle, sous couleur d’en chasser le maréchal d’Ancre, envoient des gens de guerre tout autour de la ville, et y font venir de la noblesse de leurs amis, et M. de Longueville va dans la ville même pour les y animer. Mais des lettres de cachet du Roi, par lesquelles on leur défendoit de laisser entrer M. de Longueville le plus fort dans la ville, ayant été montrées à quelques-uns des principaux, il ne trouva pas un seul bourgeois de son côté, et fut contraint de se retirer et s’en aller à Corbie, de peur que ceux de la citadelle se saisissent de sa personne.

Durant ces brouilleries, le feu de la guerre, qui avoit été au commencement de cette année plus allumé que jamais en Italie, s’assoupit pour quelque temps par l’entremise de Sa Majesté. Les Espagnols, pour contraindre le duc de Savoie à désarmer, étoient